MaïAx, Modern Princesses by Maï Mysia & Axelle EmdenWHO ? : Ax Who ?

AX WHO ?

Elle écrit des choses bizarres - elle a été journaliste. Elle fait des images - elle est devenue photographe. Elle pense un tas de trucs de l'univers et des humains - elle a fait de la Philo. Elle trouve que le monde est fou - elle a fait de la Science Politique. Elle aime beaucoup le chocolat - ça n'a rien à voir. Elle s'est intéressé au "monde des femmes" - est devenue un peu sociologue. C'était boulevard Raspail - Alain Touraine a toute sa sympathie. Tout ça était drôlement intéressant - mais il faut pas en faire un plat.
Elle trouve que vivre est plus urgent que compter. Ce qui lui fait un point commun avec son écrivain préférée.

Elle écrit souvent en Anglais. Parce qu'une langue, si elle est maternelle, est forcément impudique. Et tellement charnelle - sinon carrément incestuelle.
Elle a habité aux Etats-Unis. Mais pas assez longtemps. Elle aime bien danser sur les tables. Mais pieds nus. Elle est super snob. Puisqu'elle déteste sortir le samedi soir. Elle a besoin d'être seule six heures par jour. Car ça ne vous regarde pas. Elle adore les gens pourtant. Mais justement. 


I AM THEREFORE I DO


Il lui est arrivé de donner des cours - elle est restée longtemps à l'école. Monique Canto est la prof la plus sexy qu'elle ait croisée sur la planète - mais avouez qu'une traductrice de Platon qui parle de terrorisme international en cuissardes noires, c'est quand même vachement poétique. Elle a travaillé sur le libéralisme, ce mot de gauche en Anglais qui veut dire de droite en Français. Elle devint presque spécialiste de la démocratie - cette passion dévorante pour la justice. Rue Saint-Guillaume elle vient chercher des outils pour une thèse de comparatiste - les démocraties, la France et l'Amérique, la socio-politique. Mais la première fois qu'elle a écrit cent pages, c'était sur Victor Hugo. Le poète le politique, le pair et le romancier, l'amoureux, le père, le multiple, l'écrivain des "choses vues" et des pièces de théâtre, l'intellectuel conteur de Notre Dame de Paris, le métaphysicien de la préface de Cromwell, l'homme entier, le fou qui faisait tourner les tables pour parler avec les esprits et les morts, la figure engagée, adorée jusque dans la marche d'une foule disparate autour de son cercueil, ce fut le dernier, Hugo, sa comédie humaine à elle.

Ses amants réguliers sont morts, et écrivains. Par esthétique elle entend philosophie de l'art, et pas chirurgie. Elle a beaucoup travaillé sur l'image. Et la transparence. Elle croit qu'elle parle un langage invisible - elle est complètement folle. Sans doute à cause de la musique, ou bien du monde des fous. Quelqu'un dit que c'est une sorcière-fée. Elle prend la métaphore. Elle rêve de franchir le mur du son. Mais c'est un secret. Un jour elle marchera sur la lune - qui n'a pas de côté sombre, même que c'est scientifiquement Pink Floyd.

 

I PLAY... do be do beedoo !

Elle fait un peu de direction artistique. Parce qu'elle a trop d'idées tout le temps. Elle aime inventer des images - qui parlent du rock quand on coupe le micro. Et puis elle trouve que le mot "direction" est vivant - à cause de sa racine grecque, telos, qui dit le sens et la fin, le quotidien et le but. Elle ne croit pas en Dieu. Mais est super amoureuse de la vie. Elle vit un peu comme si elle allait mourir demain. Ce qui n'est pas tous les jours très malin. Elle a un faible assez grave pour l'Italie. Trop de tendresse et de violence dans tout ce qu'elle est.

Elle aime pas les CV. Le sien remplit beaucoup trop de cases. Elle a écrit des chansons - qui parlaient d'amour. Elle a monté des expos - on appelle ça "curator". Elle a écrit pour des éditeurs - y'avait La Callas, et chanter l'opéra était apprendre à mourir, puis il y a eu Audrey Hepburn, l'élégance et l'engagement, et Steve McQueen, mais lui était beaucoup trop violent. Elle a fait de la "conception-rédaction" - c'était toujours écrire et rire du concept. Elle a monté une "boite" y'a mille ans - elle est née en 81. Un journal dans un grand nulle part - il paraît que c'était l'avenir. L'endroit où vous vous trouvez exactement maintenant et qui n'existe pas - puisque vous ne pouvez pas le toucher. Elle a fermé la chose, jeté le paquet au diable, et gardé les rubans pour les coller sur des toiles de lin. Si vous lui dîtes que c'est impressionnant, elle risque de se mettre à pleurer. Elle est en train de parler d'elle à la troisième personne, c'est dire si ça ne va pas. C'est qu'on lui a appris qu'il ne fallait pas dire "je" - la culture est dingue, même si on s'y fait plein d'amis enterrés, avant ou après 27 ans.


Je est un jeu

J'ai mis longtemps, mais je préfère être en train de rêver que de penser - même si je penserai tout le temps. C'est inutile ? Je ne suis pas d'accord. Et puis la philosophie aussi est inutile, et toutes nos lois et tous nos contrats y sont adossés, non ? L'art aussi, est inutile. Mais sans lui on meurt, non ? La pensée ? Je trouve qu'il y en a plus chez Kurt Cobain que chez François Hollande - mais je ne vous parlerai pas de Nicolas. Kurt et le suicide, Janis et les autres ? Oui. Y'a vachement d'eros dans le thanatos, parfois, vous ne trouvez pas ? Peut-être qu'on peut décider de mourir parce qu'on aime trop la vie, et que personne ne l'aime. C'est la lucidité de l'étranger peut-être aussi, la solitude trop grande en plein jour ? La chute que ne veulent pas connaître ceux qui se font croire qui dirigent le monde, non ? Je trouve ça tellement triste que ce monde mène des Kurt au suicide, que oui, j'ai envie de créer des mondes de fées. C'est aussi parce que je trouve que le monde peut être vachement beau. C'est con hein ?

La photo ? L'image me repose car elle est sans mots - et les mots ont toujours pensé avant nous, et ils pensent tout le temps, même malgré nous.  Le rapport avec l'écriture ? Evident. Photographier, c'est écrire. Construire une série, scénariser. Photographier, c'est être journaliste, sociologue, romancier, metteur en scène... libre. A l'intérieur et à l'extérieur. Ici et à l'étranger. Seule et avec les autres. S'effacer pour l'instant. Etre déjà dedans. Vivant en silence. Duras disait qu'écrire, c'est hurler sans bruit. Photographier c'est la même chose, parfois. Le même bruit trop fort à l'intérieur de soi. Mon métier ? Inventer des choses, toute seule ou à plusieurs, mais j'ai rien inventé. La vie ? Un cadeau. A cause du ciel et de ce que ça fait en dedans, juste d'être vivant. Le temps ? Il est libre, comme le plaisir et le désir, non ? C'est la vie entière, le temps, libre, vous ne croyez pas ? La vérité ? Je crois que je n'ai pas le choix. La difficulté ? Parfois je voudrais hurler au monde entier que la démocratie n'existerait pas sans les artistes, qui lui ont donné naissance. Conclure ? Avec
 Mick Jaegger : "Laugh, I nearly died". 
 

Axelle Emden

www.axelle-emden.fr